Cicatrices ou le Tiers Exclu

Comment parler d’un sujet qui commence par l’absence du père, qui se poursuit par 15 ans à l’ombre ouvragée d’un phallus géant et se termine par une théorie absconse sur le tiers qu’on exclut pour créer l’espace communicationnel. Mieux vaut ne rien dire du tout, non ?

Le choix de la parole est d’abord un choix égoïste. Dire, c’est d’abord entrer en soi pour y trouver les raisons de prendre la parole. La parole produit une concurrence des raisons, chacun interrogeant la parole qu’il entend pour y déceler les raisons de la prendre à son tour. Une mécanique mimétique se met en place. Celui qui parle dit aux autres : « mais parle-donc, vois donc comment je fais, prends-la moi ». Ainsi à l’origine, la parole n’est pas libre. On la prend, on l’abandonne à d’autres, etc…

Garder la parole, c’est construire un espace dont elle ne peut pas sortir. L’œuvre d’art s’accapare une parole qui ne pourra plus jamais être dite en dehors d’elle. « To be or not to be ». Les mots de Macbeth resteront à jamais les siens, quoique nous puissions vouloir lui faire dire, c’est toujours Shakespeare qui parlera.

Le paradoxe alors, c’est que cette enceinte libère la parole du jeu des hommes, la politique, ou les règles (implicites ou explicites) de distribution de la parole. Ainsi, la parole de l’artiste s’échappe de la politique. Ainsi nous avons besoin de l’art pour poser notre relation à la parole. Pour la garder libre, malgré l’emprise que nous voulons avoir sur elle.

C’était là peut-être un peu du dessein de cette vidéo.

Cicatrices from david Prud’homme on Vimeo.

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