Hakim Bey, dépasser la machine

Un ouvrage fondateur du Web en tant qu’outil anarchiste. Un peu l’équivalent du Raoul Vaneigem pour les soixante-huitards, et son traité du savoir vivre à l’usage des jeunes générations[1]. Un livre auquel nombre d’hacktivistes (mi cyberpunk, mi hacker) font référence. Pour Hakim Bey la vraie révolution ne passe pas par une réforme radicale des structures sociales et/ou économiques mais par la libération des individus. Selon lui, la meilleure façon d’y aider est de favoriser la création de zones d’autonomie temporaire. Celles-ci peuvent prendre toutes les formes. Le modèle des TAZ, ce sont les îles sur lesquelles les pirates venaient consommer leur butin en fêtes interminables. On retrouve le même type d’organisation au sein du festival Burning Man Project[2] dont les fondateurs de Google sont de fervents participants. Immédiateté, don, expression de soi, responsabilité collective, participation, ouverture à tous (radical inclusion en anglais), ce sont des principes promus par les livres de Bey et dont on voit l’expression aujourd’hui de manière informelle et non délibérée dans les pratiques du Web 2.0.

Hakim Bey, chez lui

Hakim Bey, chez lui

Une simple citation extraite de TAZ donne une idée de la compréhension qu’il a eu très tôt de la véritable nature du Web :

«L’existence du Web ne dépend d’aucune technologie informatique. Le langage parlé, le courrier, les fanzines marginaux, les «liens téléphoniques» suffisent déjà au développement d’un travail d’information en réseau. La clé n’est pas le niveau ou la nouveauté technologique, mais l’ouverture et l’horizontalité de la structure.»

Et tout ça fut rédigé en 1991 alors que le Web n’existait pas encore véritablement.

Hakim Bey est une figure très importante de la pensée en réseau. Mal connu car très discret, vénéré au-delà du raisonnable par certains, Hakim Bey s’est concentré sur l’idée que l’on ne pouvait plus se contenter d’analyser la société mais qu’il fallait également proposer des modes d’emploi, des « codes » de comportement que chaque individu peut adopter pour lui-même sans remettre en cause son rapport au collectif. Le choix fait par Hakim Bey dans TAZ est celui de la viralité. Les zones peuvent exister pour une ou mille personnes, qu’ils s’agissent de Wikipedia ou de Second Life, d’un blog ou d’une galerie de poterie en ligne, le seul principe commun est d’en être l’acteur et d’en faire physiquement l’expérience.

Peter Lamborn Wilson dit Hakim Bey, Temporary Autonomous Zone (VF), 1985, 1991, Autonomedia Anti-copyright


[1] Entièrement disponible ici : http://arikel.free.fr/aides/vaneigem/

[2] Voir les principes du Burning Man Project dont certains ont été directement énoncés par Hackim Bey : http://www.burningman.com/whatisburningman/about_burningman/principles.html

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