(« Je suis surpris par la décision du tribunal de Nanterre. Mais cette décision est provisoire », J.P. Raffarin, 2004)
Savez-vous ce que signifient les mots « mandat électif » ? Pensez-vous qu’il s’agisse d’un concours d’entrée en politique que les diplômés des grandes écoles passent en fin de cursus ? Ou bien s’agit-il du passage obligé que les « grands hommes » de ce pays empruntent pour se faire connaître des Français ? Ou bien encore une distinction qui honorent celles et ceux qui savent se faire aimer des électeurs ?
Sommes-nous vraiment dans le pays qui réinventa la République au XVIIIe siècle si dans ce même pays, les hommes investis d’un mandat électif en ignorent le sens au point de mettre en cause l’un des piliers de la démocratie ? Que ceux qui trouvent choquant qu’un homme qui a « trompé la confiance du peuple souverain » – celle qu’il lui a justement confiée en l’investissant d’un mandat – soit privé du droit de se présenter devant les urnes pendant 10 ans, aient l’impudence de se prétendre « hommes politiques » me révulse. Et je suis certain de n’être pas le seul.
La politique existe dans cet espace qui s’appelle le politique, celui qui permet aux citoyens de s’informer librement, de juger, de débattre et de décider ensemble. Les modalités de cette délibération collective sont décidées collectivement, et en dernier ressort la légitimité de toute décision politique repose sur le peuple souverain. Pas un homme politique n’est censé ignorer cela, et dans les moments de crise comme celui qu’une bonne moitié du corps politique français est en train de vivre, tous devraient s’en souvenir sans la moindre défaillance.
Au lieu de quoi, nous assistons à une débauche de plaidoiries sauvages sur les écrans et dans les colonnes des journaux qui prouvent non seulement le manque de respect que ces hommes ont de la justice mais également la piètre estime qu’ils ont pour la notion de peuple souverain.
En rappelant tout simplement ce qu’implique le fait d’être investi d’un mandat électif, et ce qu’il en coûte de le trahir, les juges du Tribunal de Nanterre n’ont pas fait de la politique comme certains croient intelligent de le dénoncer, ils ont simplement rappelé ce qu’est le politique.
Etant un simple citoyen, ayant eu à supporter le déshonneur d’avoir à voter pour un homme que je sais être coupable d’avoir déjà « trompé la confiance du peuple souverain », je n’ai plus le goût des jeux d’esprit et des habiles discours de rhéteurs, je trouve que les attendus des juges de Nanterre sont simples et indiscutables. Ils me rendent un peu de l’honneur que je perd chaque jour à voir certains hommes politiques confondre leurs intérêts personnels (qu’ils soient matériels ou politiques) et la confiance du peuple souverain. Merci à eux.