Ce texte est le traité des fondamentaux techniques du Web d’aujourd’hui. Toutes proportions gardées, on peut le comparer au travail de Louis de Broglie dans son hypothèse de 1924 sur le théorie corpusculo-ondulatoire de la lumière. A l’instar du physicien, il faut faire coexister des théories hétérogènes au sein d’une même physique. Mais le problème auquel répondent Vinton G. Cerf et Robert E. Kahn est d’abord pratique : comment faire pour que des réseaux hétérogènes puissent communiquer entre eux ? Problème pratique mais non trivial.
Le choix de la neutralité
La solution ne peut pas être simplement ni de remplacer les différents protocoles par un unique langage, ni d’apprendre à chaque réseau à « parler » les langages des autres réseaux. Ils choisissent de mettre en place des « gateways », sorte de passerelles entre les réseaux qui, encodent et décodent les messages entrant et sortant. Le choix d’une structure intermédiaire plutôt qu’une reprogrammation en profondeur des machines elles-mêmes connote d’une philosophie que l’on retrouvera dans chacune des étapes clefs du développement d’internet. Cette philosophie est dominée par un principe : les protocoles employés doivent être neutres à l’égard des données.
Vinton G. Cerf est aujourd’hui regardé comme l’un des « pères » de l’Internet tandis que Robert E. Kahn est connu comme l’inventeur du mot « Internet ». Ce texte est l’aboutissement des 5 années de recherches dans les protocoles de communication depuis la première connexion réseau entre deux machines le 29 octobre 1969. Vinton Cerf et Robert Kahn, associés dès ses prémisses au projet initié par Licklider et repris par Taylor, vont fixer dans ce texte les grandes lignes de l’infrastructure que l’on connaît aujourd’hui.
Vinton G. Cerf and Robert E. Kahn, A Protocol for Packet Network Intercommunication, 1974, IEEE